
L’alcoolature printanière de feuilles d’aubépine et l’alchimie de la souffrance
Inspirée par les aubépines qui bordaient le chemin de mon ancien lieu de vie et par une jolie publication de l’herboristerie américaine Brigit McNeil, j’ai eu l’envie de réaliser une alcoolature spécifiquement avec les jeunes feuilles de cette arbuste si particulier et si cher à mon cœur. Le jour de sa cueillette fut d’ailleurs un jour où une nouvelle fois sa médecine est venue me mettre à l’épreuve, en me demandant de me laisser toucher par ses épines pour apprendre à me délester encore un peu plus de mes peurs et apprendre à aimer toujours plus librement même au travers des coups que l’on peut recevoir. Apprendre à ne pas se refermer malgré les blessures, apprendre à accueillir cette chaire à vif lorsque l’on s’écorche et que l’on voudrait tout refermer pour ne plus jamais ressentir.
J’ai cueilli ces jeunes pousses tendres pour réaliser une teinture de plantes fraîches, mais elles sont délicieuses à intégrer telle quelle dans une salade, par exemple. Leur vert tendre est la couleur du chakra du coeur, mais aussi la couleur associée au foie en médecine chinoise et à la saison du printemps, période où la nature se pare de sa nouvelle robe verdoyante faite de multiples jeunes plantes sauvages qui regorgent de vie.
Et c’est bien quelque part le message de l’aubépine, cette merveilleuse plante du coeur. Elle nous invite à nous laisser transpercer, à briser notre carapace pour nous laisser pénétrer par l’amour et incarner pleinement notre désir d’aimer et de savourer la joie d’être en vie. Récemment la vie m’a appris que le bonheur est quelque chose qui se partage. Et c’est dans les moments de joie et de simplicité que le souvenir des personnes qui me sont chers se ravivent et font palpiter mon cœur.
Et parfois lorsque celui-ci s’emballe parce que je suis nerveuse, ou qu’il s’affaiblit parce que je suis en peine, l’aubépine apporte sa médecine pour le renforcer ou l’apaiser, selon le besoin. Cette plante, de la famille des rosacées tout comme la rose ou le pommier, agit ainsi pour les troubles du cœur, c’est pourquoi les herboristes la considère comme une tonique cardiaque par excellence. Elle sera une alliée précieuse autant pour les personnes souffrant d’hypertension, d’anxiété, d’angoisse, de palpitations, ainsi que pour les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque ou d’hypotension.
Je vous ai partagé de nombreux articles sur l’aubépine sur mes réseaux sociaux, vous y retrouverez de nombreuses informations détaillées. Les liens de mes précédentes publications se trouvent à la fin de ce post.
J’ai réalisé cette teinture alcoolique de feuilles d’aubépine pour profiter de la pleine force de vie printanière que l’on retrouve dans ces jeunes pousses. Je réaliserai ensuite une teinture de fleurs plus tard au printemps, puis une teinture de cenelles à l’automne, et je rassemblerai les trois teintures en une seule afin d’avoir un produit complet, qui contiendra toute l’énergie de la plante au fil des saisons.
✧ RECETTE ✧
Récoltez les délicates jeunes feuilles d’aubépine et déposez les dans un bocal. Vous pouvez éventuellement les hacher pour optimiser la surface d’extraction, mais les jeunes feuilles étant particulièrement tendres, l’extraction se fera facilement. Ajoutez de l’alcool à minimum 70° jusqu’à bien recouvrir vos plantes, puis laissez macérer durant minimum 4 semaines. Si vous ne trouvez pas d’alcool à 70°, vous pouvez faire sécher vos feuilles et utiliser un alcool à 45°. En effet comme les plantes ne contiennent plus d’humidité, il est possible d’utiliser un alcool plus faible, ainsi la préparation ne sera pas dilué par l’eau contenue dans la plante.
Néanmoins pour cette préparation, j’apprécie particulièrement les feuilles fraîches pleines de vie.
Vous pourrez ensuite filtrer votre préparation, et la conserver précieusement jusqu’à la saison des fleurs puis des cenelles.
L’aubépine est une merveilleuse alliée lorsque le coeur est en peine, et qu’il est difficile de s’accueillir dans sa vulnérabilité. Lorsqu’on lutte avec ses émotions, par peur d’être jugée et de se montrer fragile. Ou encore lorsque l’on a peur d’être submergé par l’intensité de nos émotions et que l’on a du mal à s’accueillir avec empathie.
Pour compléter la médecine de l’aubépine, cette pratique de méditation m’est venue à l’esprit le jour de sa cueillette, lorsque moi même j’eus besoin de m’accorder de la tendresse pour apprendre à m’accueillir et donner de l’espace à un amour qui ne demandait qu’à fleurir.
Cette méditation m’est entre autre inspirée d’une pratique tibétaine.
Commencez par respirer calmement, en amenant un souffle chaud, présent et lumineux dans votre coeur. Lorsque vous avez trouvé un certain apaisement, visualisez ensuite une fleur d’aubépine dans votre coeur, bien ouverte, rayonnante, déposée sur votre coeur-plexus. À l’inspire, visualisez toutes vos difficultés et émotions difficiles pénétrer la fleur d’aubépine. À l’expire, visualisez et RESSENTEZ toutes vos difficultés se dissoudre dans la fleur, et une pluie de pétales blanches se déposer sur vous et vous couvrir de tendresse.
Continuez l’expérience autant de fois que nécessaire, tout en accueillant les émotions qui se manifestent, en les offrant à chaque fois à votre fleur d’aubépine pour transformer votre souffrance en pluie de douceur et de compassion.
Avec tendresse,
Jess
Herboriste et poétesse
www.jardinalchimique.com
www.herboristeriesensible.com