
Plantes guérisseuses pour l’hyperperméabilité intestinale
Je reçois souvent des demandes de conseils sur les problèmes de perméabilité intestinale, je vais tenter dans cet article d’apporter quelques pistes en soutien à cette problématique. Néanmoins, avant de parler des plantes, je voudrais vraiment insister sur le fait que l’hyperperméabilité intestinale est rarement un symptôme isolé, mais plutôt souvent accompagné d’inflammation chronique des intestins, d’un déséquilibre du microbiote, ou encore d’intolérances et/ou mauvaises habitudes alimentaires. Il conviendra donc d’aborder ces aspects en profondeur, et cela dépend de chaque individu, je ne peux donc pas entrer en détails sur chacun de ces points dans cet article.
Tout d’abord, qu’est-ce que la membrane intestinale ?
La membrane de nos intestins est formée d’une couche de cellules appelées les « entérocytes », autrement dit des cellules (cytes) spécifiques de l’intestin (entéro), formant « l’épithélium intestinal », l’épithélium désignant les différents types de tissus de notre corps (la peau par exemple est un autre type d’épithélium).
Cette membrane intestinale est faite de protéines issues des jonctions serrées qui permettent de coller les entérocytes ensemble les uns aux autres et de créer une imperméabilité, et donc de créer un effet barrière. Vous l’aurez compris, c’est cet effet barrière qui nous est très précieux, afin d’éviter que les toxines produites par notre corps ou absorbées de l’extérieur repassent dans le sang et voyage dans notre organisme.
Au sein de cette membrane, se trouve une couche de mucus abondant, composé de 95 % d’eau (encore une bonne raison de boire régulièrement de l’eau ! ) et de mucine.
Dans ce mucus se forme une sorte de maille, et la taille des mailles est très importantes car c’est ce qui va permettre aux micro-organismes de passer ou pas. La couche de mucus est beaucoup plus épaisse au niveau du colon que de l’intestin grêle, et il est normal qu’au niveau de l’intestin grêle cette couche de mucus soit plus fine puisque son rôle est l’absorption, tandis qu’au niveau du colon le rôle du mucus est plus un effet barrière.
Beaucoup de bactéries ont des bienfaits sur la production de mucus, comme les Bifidobacterium longum (restaure le mucus) ou Lactobacillus reuteri (augmente l’épaisseur du mucus) ou Akkermansia muciniphila (restaure et augmente l’épaisseur).
Lors de lésions au niveau de la barrière intestinale, la couche interne peut être colonisée par de mauvaises bactéries en plus de laisser passer différentes toxines dans le sang, et s’ensuit différentes pathologies. La grande problématique d’une hyperperméabilité intestinale est également une mauvaise synthèse de certaines vitamines et minéraux, ainsi que l’assimilation de plusieurs nutriments. Ainsi vous pourriez avoir une alimentation tout à fait saine, mais être tout de même carencé si vous souffre d’hyperperméabilité intestinale. Ce n’est pas la seule cause, mais ça peut en être une.
Il convient également de vraiment considérer que différents micro-organismes de notre microbiote ont un rôle essentiel dans le maintien de la santé de la muqueuse intestinale.
Akkermansia muciniphila, par exemple, est une souche très prometteuse qui est considérée comme une « gardienne de la barrière intestinale », en favorisant une bonne production de mucine et contribuant à renforcer la muqueuse de la barrière intestinale.
Mais il est impossible de savoir ces micro-organismes sont présents dans nos intestins en nombre suffisant sans analyses médicales approfondies, qui sont certes dispendieuses à l’heure actuelle, mais nécessaire si l’on veut pouvoir agir concrètement. Il est très difficile d’obtenir ces souches de bactéries simplement en consommant des aliments fermentés, comme les lacto-fermentations, les boissons fermenté, etc.
Concernant les prébiotiques, comme l’inuline dont on parle souvent en herboristerie car le Pissenlit ou l’artichaut en contiennent beaucoup, ils vont en effet nourrir notre flore bactérienne, et l’on retrouve souvent le conseil d’en consommer régulièrement. Hors ici aussi, si l’on soupçonne un déséquilibre du microbiote ou une dysbiose, c’est très délicat de conseiller des prébiotiques, car ceux-ci peuvent nourrir les bactéries pathogènes qui vont proliférer encore plus, ou encore nourrir un éventuel candida, souvent présent également dans les troubles intestinaux.
Cela dit ce n’est pas pour cela que nous ne pouvons pas déjà agir pour aider à restaurer la muqueuse avec nos belles plantes médicinales. Une fois que l’on aura enlevé les aliments allergènes ou provoquant des intolérances, et que l’on aura abandonné une alimentation pro-inflammatoire ( excès de sucre, mauvaises graisses, trop de viande, pas assez de légumes, mauvaises cuissons, aliments industriels, …), on pourra s’aider de plantes ayant certaines propriétés spécifiques. Comme nous l’avons vu, la membrane intestinale est un épithélium, comme la peau. Et toutes les propriétés utilisées dans nos remèdes cutanées auront sensiblement une action sur la membrane intestinale.
On chercher donc des propriétés :
✽ vulnéraire ( cicatrisante)
✽ astringente (resserre les tissus)
✽ anti-inflammatoire
✽ émolliente (adoucit et calme l’inflammation, en plus de retenir l’eau favorable à une bonne production de mucus)
✽ adoucissante (apaise les inflammation)
Et comme la nature est bien faite, on retrouvera des plantes qui combinent plusieurs de ces propriétés !
Le calendula (Calendula officinalis ou arvensis) est une plante très douce, extrêmement bien tolérée par les personnes sensibles, les enfants et les allaitantes (on l’évitera cependant pour les femmes enceintes car elle est légèrement emménagogue). Elle adoucit et calme l’inflammation, cicatrise, réparer, enveloppe, un véritable océan de douceur !
🌿 Les plantes de la famille des Malvacées, comme les toutes les Mauves, la Guimauve, la Rose trémière, très riches en mucilages, vont former comme un gel au contact de l’eau et apporter une grande douceur en calmant les inflammations. Comme elles retiennent l’eau dans leurs mucilages, elles favorisent une bonne production de mucus, facilitent le transit intestinal en stimulant un péristaltisme doux, et favorise ainsi l’élimination des toxines qui seront évacuées avec les selles
🌿 Le curcuma est LA plante pour les maladies inflammatoires de l’intestin par excellence. Elle a tout pour plaire, même si elle ne pousse pas eu Europe… Excellente vulnéraire et cicatrisante, elle calme les inflammations, et favorise la réparation des tissus. Hépatique, légèrement amer mais réchauffante (la plupart des amères sont plutôt de nature froide), elle pourra convenir si l’on souffre également d’une faiblesse au niveau du foie et d’une mauvaise production de bile, et s’il l’on manque de feu digestif.
🌿 Les plantes contenant des tanins, comme la Reine des Prés, le Framboisier, la Ronce, et beaucoup d’autres encore, sont très intéressantes pour la muqueuse car elles vont permettre de resserrer les fameuses jonctions serrées, aidant ainsi à resserrer les tissus. Le plantain est également une plante merveilleuse pour cette propriété, il sera en plus vulnéraire (cicatrisant), et anti-inflammatoire.
🌿 Le Gotu Kola, est une excellente plante de la pharmacopée ayurvédique, spécialiste des tissus épithéliaux, qu’elles réparent, protègent, et facilitent la régénération des cellules quand ils sont endommagés.
🌿 La belle et douce camomille (matricaire ou romaine) est aussi d’une grande douceur, très bien tolérée, calme et apaise les inflammation. Ayant une axion calmante sur le système nerveux, elle pourra être intéressante si les troubles digestifs ont une origine nerveuses.
Quel serait la meilleure façon de prendre ces plantes ?
En infusion, tout simplement ! Ici on ne cherche pas de recettes ou formule complexe, car nos muqueuses ont besoin d’être « baignées » dans notre infusion, car ces plantes, comme en usage externe pour la peau, ont besoin d’être en contact avec la muqueuse pour que l’action médicinale puisse se produire.
L’idéal est de choir 1, 2 ou 3 plantes en fonction des propriétés que vous recherchez ou simplement des plantes qui vous appellent, et d’en boire 1L à 1,5L par jour.
Et bien sûr, de travailler tous les autres aspects mentionnés, avec un professionnel de santé si nécessaire.
En espérant que ces quelques informations puissent vous aider à y voir plus clair,
Jess
www.jardinalchimique.com
Ou lors de notre stage axé sur la santé du Foie par l’herboristerie et le Qi Gong chez l’Artisane : https://www.jardinalchimique.com/herboristerie-et-qi-gong-pour-le-foie-et-la-detox-de-printemps/