L’autre rive

Bien que je n’aime ni le froid, ni la pluie, l’hiver est ma saison préférée pour contempler la nature.

Mais que peut-on contempler en cet saison, lorsque toutes les plantes sont retournées sous terre ?

Le silence. Le silence qui laisse les pensées et les émotions se détendre. Les couleurs qui se fondent dans les nuances de blanc dès les premiers manteaux de neige qui se déposent. Les sons qui se font craquement sous les pas, comme une discrète mélodie.

Il n’y a plus de distraction pour distraire l’esprit, et l’on peut contempler son silence intérieur face à cette nature endormie. C’est l’une des saisons où j’aime me promener, et simplement m’assoir devant ce tableau de l’impermanence. Après le deuil des éclosions estivales qui ravivent le coeur, s’offre la possibilité de laisser place au silence et à la quiétude de l’esprit.

Ce retour à l’obscurité, cette absence de stimulation sensorielle, ce vide qui s’installe sont nécessaires. On ne peut remplir un bol déjà remplit à ras bord. Il est nécessaire de faire de l’espace en soi pour digérer et intégrer les expériences du passé, et préparer le terreau fertile du printemps. Tout comme la terre, qui, par les feuilles des arbres se déposant au sol dans un dernier souffle, préparent le riche humus pour les nouvelles graines printanières.

Rencontrer ce vide peut peut-être devenir vertigineux, comme une difficulté d’accueillir la mort et l’inconnu. Et pourtant ce passage vers l’autre rive est nécessaire, la nature nous en offre le témoignage. Elle est une belle enseignante pour nous apprendre à nous abandonner à la nature cyclique de l’existence.

Jess

Herboriste & poétesse

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