Romarin et l’esprit du ciel
On l’appelle aussi Rosée de la mer , Rose des marins, Herbe aux couronnes, Encensier , Prince des aromates, Herbe du souvenir…
Une plante fortement aromatique et riche en huiles essentielles, le romarin fait partie de nombreux rites religieux, païens, spirituels, initiatiques depuis plusieurs siècles. Ces plantes étaient d’ailleurs mises davantage au service du culte que de la médecine durant l’Antiquité…
Serait-ce dû à ces principes volatiles, éthérés, qui parfument nos vies, en distillant leurs essences dans l’espace du ciel, les « essentielles »…
La couleur bleue azur de ses fleurs était attribuée par les Chrétiens à la Vierge Marie, qui, « se reposant près d’un buisson, lors de la fuite en Egypte, y posa son voile dont les fleurs du romarin ont pris la couleur » (Louis Lagriffe).
« Et depuis ce jour, dit la légende, les fleurs ont la couleur du ciel et apparaissent le jour de la Passion ».
Les lamiacées, famille botanique dont fait partie le romarin, donnent rarement de grandes fleurs. Les principes actifs, hautement riches en huiles essentielles, sont plutôt concentrés dans les feuilles, qui transmutent l’énergie du soleil, l’essence du ciel, du soleil et des étoiles, en essences dont les parfums nous raconteront ces histoires qui éveilleront nos sens et nos mémoires…
Le Romarin, symbolise l’immortalité par ses feuilles persistantes au delà des saisons… Son port majestueux lui donne toute sa noblesse, et sa force. Son action purifie le corps et l’esprit, mais il est aussi très sollicité pour calmer l’agitation intérieure, et recentrer les esprits dissipés… Indéniablement, il aide à la mémoire et à la concentration.
D’ailleurs, comment de si petites feuilles pourraient-elles contenir autant d’huiles essentielles ?
Son action est définitivement « concentrée » dans ses feuilles, qui, impartiales, résistent aux temps et aux saisons… Sa force va droit au but. Et en même temps, une certaine fragilité au gel lui confère une certaine douceur, qui se manifeste par une action douce sur le foie, pas aussi forte que celle de l’absinthe ou de la gentiane par exemple, et pourtant bien présente et salvatrice.
Pour terminer sur un peu d’histoire, on citera aussi la célèbre Eau de la reine de Hongrie… Un alcoolat de romarin dont la formule lui fut communiquée par un ermite, qui, à 72 ans, guérit son infirmité et ses violents rhumatismes, et lui redonna sa jeunesse. Une version de la recette, datant de 1716, serait celle-ci :
« On aura des fleurs de romarin nouvellement cueillies dans leur vigueur et on remplira la moitié d’une cucurbite (alambic) en verre, on versera dessus de l’esprit de vin jusqu’à ce qu’il surpasse de deux doigts les fleurs, on couvrira la cucurbite de son chapiteau, et on laissera la matière en digestion pendant trois jours. Ensuite, y ayant adapté un récipient et luté (obstrué) exactement les jointures, on fera la distillation au feu de sable et on gardera l’eau distillée dans une bouteille bien bouchée pour le besoin » *
(*source inconnue, je n’ai pas pu identifier exactement l’origine de la recette)
Jessica
Herboriste & Poétesse
www.jardinalchimique.com